Métier de demain : Technicien(ne) agricole 4.0, quèsaquo ?

Technicien(ne) agricole 4.0, quèsaquo ? L'inauguration de la Cité de l'Economie et des Métiers de Demain à Montpellier le 16 octobre dernier a été l'occasion pour Véronique Bellon-Maurel de présenter ce métier en devenir.

La société française a redécouvert l’importance d’une alimentation saine et durable, et du lien au territoire. Elle demande une agriculture plus respectueuse de l’environnement et des informations sur l’origine des produits et les modes de production. Une nouvelle génération d’agriculteurs est née, génération connectée, avec des hommes et des femmes qui s’impliquent autant dans la production que dans la valorisation (éventuellement transformation, vente) de leurs produits voire dans des activités annexes qui apportent un revenu complémentaire (production d’énergie). Ils dédient aux robots les tâches fatigantes (désherbage, port de charge, traite des vaches) et emploient des ouvriers agricoles pour les aider dans la conduite de l’exploitation.

Le technicien agricole 4.0 est chargé de la conduite des cultures ou du troupeau, dans une démarche respectueuse de l’environnement et du bien-être animal

C’est un spécialiste du vivant qui a été formé aux technologies numériques. Le numérique permet de mieux suivre cultures et animaux, d’aider dans la prise de décision, de limiter l’apport d’intrants, de réduire les coûts de production, de faciliter le travail et d’assurer la traçabilité des pratiques pour communiquer des informations à l’acheteur. Dans les champs, des capteurs connectés permettent de suivre les paramètres tels que l’humidité du sol, la météo, ou de détecter des dysfonctionnements (maladies, attaques); si une anomalie est signalée, il va sur le terrain pour en rechercher la cause et peut se faire aider par des applications dédiées. Dans un élevage, il intervient pour surveiller ou soigner les animaux dont le monitoring a signalé un comportement anormal. Il peut aussi travailler en environnement plus contrôlé en agriculture (serres, bâtiments d’agriculture urbaine) ou en transformation des produits à la ferme (fromages, yaourts, vin…). Il sait mettre en œuvre des robots autonomes ou d’assistance. En charge de la maintenance de ces dispositifs numériques, il peut porter un regard critique et identifier d’éventuels dysfonctionnements.

Ses compétences clés :

  • Connaissance de l’agriculture et/ou du vivant (végétaux, animaux d’élevage)
  • Compréhension du numérique et appétence pour la technologie
  • Logique, Fiabilité
  • Intérêt pour la mesure, le suivi, le contrôle
  • Polyvalence

Son parcours / sa formation

C’est une double compétence et le curseur peut se déplacer entre un profil très « agro » et un profil très « techno»; en effet, cette personne pourra compléter le profil de l’agriculteur-employeur, par exemple en étant plus avancé sur les technologies numériques.

Deux filières pourraient être privilégiées: une formation agricole incluant la découverte et l’usage des outils du numérique ou une formation plus généraliste sur les technologies et outils numériques et/ ou électroniques, complétée par une formation à l’agriculture et l’environnement. C’est une activité possible pour des personnes éloignées de l’emploi, dans une logique de réinsertion, sous réserve d’une appétence à la manipulation des technologies numériques.

Il peut évoluer vers un métier avec de plus grandes responsabilités dans la conduite de la ferme ou de l’atelier de transformation, ou dans les aspects numériques, par exemple, en lien avec la traçabilité des pratiques ou le commerce en ligne des produits de la ferme (site web, gestion des commandes…).

Son environnement de travail

Les exploitations agricoles, avec des travaux en extérieur ou à l’intérieur (élevage, transformation). Le recours à des technologies comme les robots ou les exosquelettes réduisent la pénibilité et facilitent l’accès de ces métiers aux femmes.  

Ses employeurs

Le technicien 4.0 est recruté par des exploitants agricoles qui veulent s’engager en agroécologie dans de grosses exploitations (besoin de monitoring), qui veulent consacrer plus de temps à la transformation/ vente des produits, qui ont une autre activité (agricole ou autre) et besoin d’un appui, qui veulent développer des surfaces en maraichage (consommateur en temps), qui veulent automatiser la saisie de données pour leurs obligations contractuelles (ex : cahier des charges) ou administratives, enregistrer leurs bonnes pratiques pour les faire connaitre aux consommateurs…

Il est aussi recruté par des structures intermédiaires (distribution, collecte, conseil, concessionnaire, institut, CUMA) et intervient chez plusieurs exploitants différents.

Pourquoi avons-nous besoin d’eux ? 

Les enjeux sont économiques, territoriaux, sociaux...

  • En Occitanie, volonté de la Région d’accompagner la transformation agroécologique qui s’appuiera le numérique comme levier d’action
  • Intérêt de créer des emplois de niveau intermédiaire en agriculture, valorisés socialement, pour rendre l’agriculture attractive
  • Enjeu d’autonomie et de souveraineté alimentaire.
  • Enjeu de reterritorialisation alimentaire (en particulier approvisionnement des villes et de la restauration collective) et d’aménagement du territoire
  • Enjeu vis-à-vis de la demande sociétale pour plus de respect de l’environnement et du bien-être animal, d’où besoin de traçabilité et de communication aux consommateurs ;
  • Conserver des coûts de production bas en économisant les intrants et en gérant mieux les risques grâce aux outils d’agriculture de précision et d’aide à la décision ;
  • Renouer le lien agriculteur /consommateur, en connectant mieux la production à la consommation, ce qui demande de passer moins de temps en production.
  • Recentrer le métier de l’agriculteur et des techniciens sur des activités permettant de générer de la valeur ajoutée.

Des signaux faibles qui en disent long

  • Le métier d’ouvrier/technicien/responsable agricole est peu attractif et a du mal à trouver du monde ;
  • Les consommateurs veulent connaitre l’origine des produits, leur contenu, donc ont besoin d’une traçabilité ;
  • Les consommateurs demandent des produits locaux, et du bio local et moins cher ;  

Les impacts

  • à court terme : Le renouvellement des actifs agricoles avec le développement d’une agriculture plus rémunératrice et plus respectueuse de l’environnement (meilleure image sociale)
  • à long terme : Créer en région Occitanie une filière agricole agroécologique visible et comprise du public ; redorer le blason de l’agriculture ; reconnecter agriculteurs et société, villes et campagnes.
  • Impact environnemental : oui car accompagne l’agro-écologie et a pour objectif d’enregistrer et de communiquer les bonnes pratiques
  • Impact bien-être / développement personnel : oui (confort physique et psychologique pr la réduction des risques de perte de récolte)
  • Impact territorial : oui, maintien de l’agriculture sur le territoire , développement d’une agriculture périurbaine.